Cours Numériques Culture

Le portrait et l'autoportrait dans l'histoire de l'art

Un autoportrait est une représentation d'un artiste, dessinée, peinte, photographiée ou sculptée par l'artiste lui-même.

Bien que l'exercice de l'autoportrait ait été pratiqué depuis les temps les plus reculés, ce n'est qu'à partir du début de la Renaissance, au milieu du xve siècle, que les artistes peuvent être identifiés eux-mêmes comme représentant, comme le sujet principal ou comme des personnages importants dans leur travail.

Avec le perfectionnement des techniques de miroiterie, les miroirs deviennent plus accessibles et l'avènement du portrait en panneau, de nombreux peintres, sculpteurs et graveurs s'essayent à l'autoportrait.

Les historiens pensent que le portrait de L'Homme au turban rouge de Jan van Eyck réalisé en 1433 pourrait bien être le plus ancien autoportrait.La création de la peinture a été rapportée à la vision de Narcisse se contemplant dans son miroir1 et se réfère donc directement à l’autoportrait.

Au-delà de l'introspection, l'autoportrait fut une manière commode d'exercer sa technique (le modèle le plus facilement disponible étant soi-même).

Dans l'Antiquité, l’artiste au travail se représente sur les peintures égyptiennes2 ou sur la céramique grecque3.

On note l’apparition des premiers autoportraits indépendants (l'artiste ne se représentant pas au travail) dès le xiie siècle dans les enluminures, mais ils s'apparentent en fait à un procédé de signature (celles-ci étant souvent accompagnées du nom de l'exécutant) plus qu'à de réelles expressions picturales. Le procédé consistant à se peindre parmi les personnages d’un événement, sorte de signature visuelle du tableau, se développe au xive siècle avec le développement de la technique de la perspective centrale et la diffusion, à partir de Venise, des miroirs de verre4. Il aurait été utilisé dès 1359 dans l’Assomption de la Vierge d'Andrea Orcagna. La primeur incontestable du procédé pourrait cependant revenir à Benozzo Gozzoli, qui se met en scène, s'avançant parmi la foule, coiffé d'un bonnet sur lequel son nom est inscrit, dans la fresque de l'Adoration des mages (Chapelle des mages, 1459, à Florence). De même, Piero della Francesca se représente en soldat, lourdement endormi, dans sa Résurrection (vers 1463-1465, Sansepolcro), alors que Sandro Botticelli, se tourne orgueilleusement vers le spectateur, dans une autre Adoration des mages (Florence, 1475). Fra Filippo Lippi reprend le procédé dans le cycle de fresques des Scènes de la vie de la Vierge (cathédrale de Spolète, entre 1467 et 1469), ainsi que son fils Filippino Lippi dans La Dispute avec Simon le magicien de la chapelle Brancacci de Santa Maria del Carmine (1471-1472), à l'achèvement de laquelle il participait. De la même manière, on verra Albrecht Dürer traverser avec un ami le paysage du Martyre des 10 000 (1508).